Turquie : le double jeu d’Erdogan vis-à-vis d’Israël
Turquie : le double jeu d’Erdogan vis-à-vis d’Israël
L’attitude du président turc Recep Tayyip Erdogan envers Israël a souvent été complexe et ambiguë. Bien qu’il entretienne des relations diplomatiques officielles avec Israël, Erdogan a également pris position contre les politiques de l’État hébreu à plusieurs reprises. Cet article examine les différentes facettes du double jeu d’Erdogan vis-à-vis d’Israël.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, Erdogan a cherché à renforcer les relations entre la Turquie et les pays arabes, y compris ceux qui ont des conflits avec Israël. Cette politique a été accentuée après l’offensive israélienne dans la bande de Gaza en 2008-2009, qui a suscité une vive réaction en Turquie. Erdogan a condamné cette attaque et a même déclaré que le gouvernement israélien menait des actions comparables à un « génocide ». Ces déclarations ont attiré l’attention internationale et ont conduit à une détérioration des relations entre la Turquie et Israël.
La normalisation des relations
Malgré les tensions, Erdogan a cherché à normaliser les relations avec Israël ces dernières années. En 2016, les deux pays ont signé un accord de normalisation qui prévoyait la réouverture des ambassades et la reprise des échanges commerciaux. Erdogan a également exprimé sa volonté de travailler avec Israël pour lutter contre le terrorisme et partager des renseignements.
Cependant, cette normalisation reste fragile et sujet à des tensions. Erdogan a critiqué ouvertement la politique israélienne à l’égard des Palestiniens, en particulier lors des violentes manifestations à la frontière de Gaza en 2018. Il a également été critiqué pour son soutien aux groupes palestiniens considérés comme terroristes par Israël, comme le Hamas. Cela a créé des frictions entre les deux pays et remis en question la sincérité de la normalisation des relations.
Le rôle d’Erdogan dans la région
L’attitude d’Erdogan envers Israël doit être comprise dans le contexte de ses ambitions régionales. Le président turc cherche à établir la Turquie comme une puissance régionale et souhaite jouer un rôle clé au Moyen-Orient. En adoptant une position critique vis-à-vis d’Israël, Erdogan espère gagner en popularité auprès des pays arabes et renforcer son influence dans la région. Cette rhétorique anti-israélienne permet également de détourner l’attention des problèmes intérieurs en Turquie et de consolider sa base politique.
Cependant, cette stratégie présente également des risques. En se positionnant contre Israël, Erdogan s’aliène certains pays occidentaux, en particulier les États-Unis, qui considèrent Israël comme un allié clé au Moyen-Orient. Cela pourrait isoler la Turquie sur la scène internationale et avoir des conséquences négatives sur l’économie turque, qui dépend en grande partie des échanges commerciaux avec l’Europe et les États-Unis.
La position de la Turquie sur la question palestinienne
La position d’Erdogan sur la question palestinienne est un autre aspect du double jeu de la Turquie vis-à-vis d’Israël. Erdogan a soutenu ouvertement le mouvement de solidarité avec la Palestine et a critiqué le traitement des Palestiniens par Israël. Il a également favorisé des mesures symboliques, comme la reconnaissance de Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine par la Turquie. Ces actions ont été applaudies par certains pays arabes, mais ont suscité une réaction ferme d’Israël et de ses alliés.
Cependant, malgré ces déclarations en faveur de la Palestine, Erdogan reste attaché à maintenir des relations diplomatiques avec Israël. La Turquie continue d’importer des biens israéliens et d’accueillir des touristes israéliens. Cette dualité dans la politique étrangère turque soulève des questions sur la sincérité des positions d’Erdogan vis-à-vis d’Israël et sur la possibilité d’une véritable normalisation des relations.
Le double jeu d’Erdogan vis-à-vis d’Israël est un reflet de sa stratégie politique régionale et de ses ambitions personnelles. En adoptant une position critique envers Israël, Erdogan espère consolider son influence dans le Moyen-Orient et renforcer sa popularité auprès des pays arabes. Cependant, cette approche suscite également des tensions et des frictions avec Israël et ses alliés occidentaux. La normalisation des relations entre la Turquie et Israël reste fragile et soumise à des pressions politiques et diplomatiques. Le rôle d’Erdogan dans la région et sa position sur la question palestinienne contribuent également à cette ambiguïté. Il reste à voir comment ces dynamiques évolueront à l’avenir et quel impact elles auront sur la stabilité régionale.